LA PLAGE DU VIDE

Sur l'esplanade déserte et remplie d'âmes errantes en habits de lumières, j'enlace son sourire d'un ultime baiser apprivoisé qui me hante encore aujourd'hui. Le bruit, la fureur, la horde de briques et de brocs soulèvent l'éternelle question de ce qui nous sommes vraiment ? Des shamans en exils ? Des guerriers de l'extase ? Des chiens perdus ? Sommes nous vivants ou tout ceci n'est-il pas qu'une simple illusion de plus ? Je ne sais plus.

La race des hommes se veut aussi précieuse que ludique et nos vertus si nobles de sens sombrent souvent dans des délires artificiels s'envolant à la moindre incartade du temps qui passe, inlassablement. Les rubriques des faits divers ne cessent de croître pendant qu'on s'installe sur nos transats en rangées d'oignons, les pieds en éventails et la paille à la bouche ; les embarcations se font toujours plus luxueuses, les grosses machines vrombissent et hérissent à coups de soupapes mal maîtrisées. Je me perds et mes oreilles tanguent jusqu'à m'en faire brûler les tympans.

Je préfère de loin me remémorer ce baiser fusionnel, les pieds dans l'esplanade et me laisser glisser jusqu'au prochain départ...