BONNE NUIT LES PETITS
La nuit, les ceintures sont détachées à l'arrière des taxis.
La nuit, les croissants se préparent à sortir du four.
La nuit, il y a les retardataires du dernier métro, les pionniers de la marche à pied.
La nuit, on écoute Brel en pleurant à chaudes larmes.
La nuit, les écoliers se rêvent en superstar du ballon rond, la foule debout pour les applaudir.
La nuit, la rue de Belleville se refait une beauté sous les griffes des chats de gouttière.
La nuit, les corps s'enlacent et se baisent derrière les corridors.
La nuit, les mélomanes de cuivres et de peaux tendues glorifient les géants de la Nouvelle Orléans.
La nuit, les mandarines sont à un euro le kilo et l'héro bien plus haut.
La nuit, les matelots tentent d'aperçevoir la terre ferme, enfin.
La nuit, les crimes sont en fusion et les patrouilles sont en faction.
La nuit est belle dans sa parure étoilée.
La nuit, je n'arrive pas à dormir.
Je n'arrive pas à dormir.
Je n'arrive pas à dormir.
Alors, je vis.