CANTAT

La grêve s'empare de moi, de toute sa force romantique et tronquée comme un paradoxe sans visages. Elle me prend en grippe dans son doux tacot à hélices. Sur ce fleuve laconique, me voilà prêt à séjourner au plus profond de moi même, à mille lieux du confort de ma liberté sous acide. Je veux laver mon linge sale dans l'eau trouble du Bosphore et m'y jeter pieds et poings liés.

Je repense aux concerts de Cantat, aux tableaux de Goya et je pose mon regard perdu à travers un astre non loin de moi, qui m'écoute et me suit depuis l'âge où mes parents ont quitté la scène. Le sourire au bord des lèvres, je relève le défi de ne pas sombrer, de reconstruire pierre par Pierre un enclos aussi robuste que tous les taureaux de Camargue qui courent le long de ma nuque solidaire.

On n'oublie pas comme ça les épines défrayant nos chroniques de défaites ; il faut savoir rebondir et observer les étoiles, les plus hautes derrière toutes les autres. Alors je marche, j'accélère ; j'aimerais tant semer toutes ces casseroles qui entaillent mes bras et mes rites. La fiche de lecture semble difficile à déchiffrer et la pluie ne cesse de s'inviter au bal. C'est pas gagné...