LE PIRATE DE CARTHAGE

Le tableau de bord s'affiche et tranche dans le vif, je suis lancé à pleine allure prêt à en découdre avec les savants les plus fous. Je pratique, me risque, engrange, je rétorque à tout vent ; comme une douce mélodie orgasmique qui jaillirait de nulle part. Les vagues qui se fracassent contre les portes de mon cerveau me montent à la tête et me donnent envie de vomir, longue agonie d'un pirate naviguant à vue sans le moindre butin à saborder. Mes tifs m'empèchent d'aperçevoir les barbelés et je ne voudrais pas me blesser de nouveau, ma jambe cicatrise bien et les poils sont de retour sur ma peau congelée. Ray Ban au bout du nez, tee shit délavé par la pluie à retardement, son électro-pop dans le casque, j'embarque pour le plus beau des voyages, sans doutes le plus improbable aussi. Je laisse derrière moi des crétins sans cervelles, qui se croient les maîtres du monde alors qu'ils n'ont même pas la décence de se regarder en face, trop occupés à paraître les meilleurs aux yeux de tous, la cravate vissée sur leurs idéaux évanouis.

Au dessus des nuages, je m'élançe et j'espère ne pas rebondir sur le sol et repartir aussi vite que je suis venu, la baie vitrée est inondée par ce soleil qui transpercerait n'importe quel coffre d'échine, de Chine ou des Bermudes. Mes pas me portent le coeur ballant, la goutte au front tellement les limites arrivent à leurs paroxysme ; et si c'était la dernière fois que je chevauchais tel un prince sans armures ? Les corridors implosent aux sons de mes envies plus très organisées, les ardoises affûtées apprivoisent les langages des signes tandis que je veux respirer le nouvel air et mordre les idées reçues celles qui tanguent et qui plombent les fardeaux les moins solides.

Plus que quelques mètres et le parfum de Carthage m'evoutera et me frappera de plein fouet. Alors allez vous faire pendre par les couilles ! Allez descendre dans vos caves vides de sens ! Allez pleurer auprès de vos rêves déchus ! Vous n'arriverez pas à me terrasser, je suis plus fort que ça. Et même si j'échoue encore une fois, je pourrais toujours dormir sur mes deux oreilles, en paix avec mes croyances névrotiques. La vie continuera avec ou sans nous alors qu'importe si on s'ouvre les genoux pourvu que demain soit une autre aventure, belle ou obscure...